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FATY : LA SIMPLE HISTOIRE D'UNE ORIGINE DOUBLE


Il existe dans le showbiz un couloir exigeant, le passage difficile des ombres de l'inconnu aux projecteurs des personnes vues, appréciées, adulées, acclamées (et souvent combattues hélas) pour leur talent et pour leurs résultats.

La chanteuse Faty semble avoir traversé ce lugubre couloir avec succès : une musique afro-rock dans l'air du temps, des performances live à couper le souffle, une communauté de près de 200.000 abonnés sur Facebook et la liste n'est point exhaustive. Faty est sans doute, l'un des profils les plus marquants de la jeune chanson féminine au Bénin de ces dernières années.

Pourtant, il y a près de vingt ans, bien malin était celui qui pouvait pronostiquer avec justesse sur ce parcours atypique, tant l'évidence du succès n'était pas la certitude la plus établie en la matière. En effet, Faty est née en Côte d'Ivoire précisément à San Pedro. Elle y a fait ses études jusqu'à l'obtention du baccalauréat. Elle va aussi apprendre à chanter, à écouter, apprécier la musique. Ses parents l'ont enjointe de quitter la Côte d'Ivoire afin de rejoindre le Bénin pour des études supérieures à l'Université d'Abomey-Calavi.


Le Bénin représente ses origines, quelque part dans le département de l'Ouémé, dans la ville d'Avrankou au sud-est du pays. Le titre de Faty, "Den'sɔnu" (sauce prisée dans la région) est peut-être un clin d'oeil référent fait à sa terre d'origine Avrankou qui a connu des heures glorieuses dans la filière du palmier à huile. Soit !

A son arrivée en 2006, lorsque je l'ai connue pour la première fois, elle avait la tête, l'accent et les manières d'une ivoirienne. L'humour spontané et l'autodérision, la vanne à fleur de lèvres, la bienveillance par défaut et un plaisir à peine voilé pour la bonne nourriture (ye dis hein la vieille mère blaguait pas avec la bouffe).

Ses défis majeurs étaient entre autres : un accent moins ivoirien, la maîtrise du fongbe, la maîtrise de l'écosystème de la musique, la formation continue en tant que chanteuse, la mise en place d'une équipe permanente autour d'elle ainsi que le financement de ses projets artistiques, sans jamais perdre de vue les objectifs académiques qui l'ont conduite à Cotonou.

Faty a réussi tout cela, le poing levé, en l'espace de quelques années. Aujourd’hui elle fait son chemin, le genre de chemin qui remplit les salles de spectacle deux fois la même année avec un engouement renouvelé du public.

La belle Faty, l’intrépide Faty revendique avec beaucoup de simplicité sa double origine. C’est un luxe d’avoir deux mères : celle dont les entrailles vous portent et celle dont les mamelles vous nourrissent. Faty, c’est la résultante de deux expériences de vie, deux cultures, deux écosystèmes, deux positionnements par rapport à l’humain et à l’art, ce qui est de loin une richesse inouïe.

A présent le droit nous est octroyé d’espérer que cette richesse serve de terreau à Faty pour davantage se hisser dans le ciel du monde artistique et culturel au plan international, avec encore plus d’éclat qu’aujourd’hui.



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