LE COURONNEMENT DU PARCOURS D’UNE FIGURE FEMININE D’EXCEPTION
Le chemin vers la réussite n’est pas un long fleuve tranquille. L’emprunter pour atteindre vaille que vaille ses objectifs de vie peut relever d’un véritable parcours du combattant. Parfois, la planche du salut ou l’étoile du succès peut se trouver ailleurs que chez soi. Par conséquent, faire le choix de partir pour une raison ou pour une autre devient une nécessité. Si certains parviennent contre vents et marées à concrétiser, sous d’autres cieux, leurs ambitions, d’autres, par contre, éprouvés par les réalités du destin jettent l’éponge en cours de chemin. Grâce aux récits tant passés qu’actuels, nous lisons des histoires qui mettent en valeur des succès d’exception et qui, souvent, nous métamorphosent.
Il est des femmes dont le parcours force le respect et dont l’histoire rime dévouement et sacrifice. Il est des femmes qui méritent qu’on leur rende de vibrants honneurs et qu’on leur voue une profonde admiration. Parmi celles-ci, il y a Madame HOUSSOU Pascaline épouse AKOWANOU. Sa vie est une ode à l’espoir. Espoir en la bienveillance, en dépit des pesanteurs historiques, sociales et géographiques, espoir en l’aptitude de chaque femme à saisir l’opportunité de transcender sa condition et de tracer sa route. Pourtant, rien ne la prédestinait à un parcours singulier tant les difficultés et les coups du sort ont failli avoir raison de sa détermination et de sa grande capacité de résilience.
PARCOURS ACADEMIQUE ET PROFESSIONNEL DE MADAME HOUSSOU
Son parcours académique prend corps au Bénin, son pays natal. Après plusieurs années d'études, elle obtint son Baccalauréat série D et sa Licence en Biologie. Ensuite, elle se rendit en France dans les années 1974 et effectua dans la prestigieuse université Claude Bernard de Lyon son cursus de Maîtrise et de Doctorat en Biochimie, sur décision de son mari. En raison de la qualité et des conditions favorables qu'offraient les centres de recherche du Gabon, elle posa ses valises à l'université internationale de Libreville-Berthe et Jean (UIL-BJ) pour y réaliser le volet scientifique de ses recherches doctorales. Son acclimatation s’étant déroulée sans encombre, elle prit ses marques au sein de son nouvel environnement et demeura au Gabon pendant quarante-trois (43) ans. Le contexte politique délétère qui prévalait au Bénin au cours du règne du Général Mathieu KEREKOU (à partir de 1972) a, en partie, motivé sa volonté de mettre ses compétences professionnelles au service du Gabon et de tourner plus ou moins dos au pays qui l'a vue naître et grandir. Les salaires exorbitants proposés par le gouvernement gabonais de l'époque l'ont également convaincue de faire valoir ses atouts pédagogiques dans les établissements secondaires du Gabon. Dans ce pays longtemps considéré comme le symbole de la France-Afrique, Madame HOUSSOU Pascaline vécut et enseigna dans les lycées et collèges les Sciences de la vie et de la terre (SVT). Ses résultats donnaient satisfaction. Discrète et efficace, elle faisait preuve de dévouement dans l’exécution de ses missions pédagogiques comme pour confirmer cette affirmation de Mariama Bâ dans Une si longue lettre «Le métier de l’enseignement requiert haute conscience et abnégation dans la transmission du savoir ». Consciente que la vie de milliers d’âmes dépendait de ses enseignements, elle mettait du cœur à l’ouvrage en enseignant non seulement ce qu’elle sait mais aussi ce qu’elle est pour façonner ses apprenants, traduisant donc en actes concrets cette puissante citation de Mariama Bâ dans Une si longue lettre «Chaque métier, intellectuel ou manuel, mérite considération qu’il requière un pénible effort physique ou de la dextérité des connaissances ou une patience de fourmi. Le nôtre (enseignant) comme celui du médecin n’admet pas l’erreur. On ne badine pas avec la vie et la vie c’est à la fois le corps et l’esprit. Déformer une âme est aussi sacrilège qu’un assassinat».
Alliant les vertus de la patience, de l’humilité, de l’honnêteté à celle de l’obéissance, elle œuvra à la construction des âmes par l’éducation, moyen d’épanouissement. Ainsi, elle inculqua le savoir aux élèves gabonais pendant de longues années et leur enseigna, à travers ses vertus cardinales, que si l’avoir est important dans le monde matérialiste qu’est le nôtre, il ne sera jamais au-dessus de l’être. Madame HOUSSOU Pascaline est devenue le bon grain qui a fait germer de bonnes plantes. Il revient à la postérité de les arroser pour qu’elles produisent de bons fruits.
Le harcèlement et les coups bas dont elle a été victime du fait de sa condition féminine ont certes mis à rude épreuve sa combativité, mais ne l’ont pas fait échouer. Ce qui lui a valu le surnom ''la dame de fer". A l’image du roseau, elle a plié sans rompre. Mais au-delà de sa vie professionnelle pleinement assumée et réussie, elle menait également des activités commerciales. Elle vendait des bijoux de toutes sortes et, grâce à ses contacts au Bénin, importait de l’eau-de-vie de chez nous (Sodabi) qu’elle livrait à profusion au Gabon moyennant de belles sommes. Ces commerces lucratifs et le salaire auquel lui donnait droit son métier d’enseignante lui ont permis d’épargner suffisamment d’argent pour préparer, soigner et poser les jalons de son retour au Bénin. Cette expérience longue, passionnante et constructive lui a permis de s’imprégner de la culture gabonaise, de se l'approprier et de tisser de fructueuses relations.
VIE RELIGIEUSE DE MADAME HOUSSOU
Les sacrifices qu’elle consentait au Gabon pour garantir son épanouissement n’ont pas émoussé sa vie religieuse. Ils l’ont plutôt aiguisée. Fervente chrétienne, son inusable fidélité au Seigneur et son rapport inextinguible avec la prière constituent les leviers sur lesquels elle s’appuyait pour surmonter les difficultés qui se dressaient sur son chemin.
RAPPORT AVEC LES REALITES CULTURELLES DU GABON ET DE LA FRANCE
Madame HOSSOU Pascaline décrit son rapport avec les réalités culturelles du Gabon et de la France comme étant mesuré mais profond. Elle confie que les habitudes vestimentaires et culinaires du Gabon entretiennent des liens avec celles du Bénin et que les normes comportementales et culturelles françaises sont parfois en déphasage avec nos réalités. Celles-ci ont influé d’une certaine manière sur sa vie pendant les années passées dans ces deux pays mais elles n’ont pas érodé son attachement aux coutumes de sa terre natale.
RETOUR GAGNANT DE MADAME HOUSSOU AU BENIN
<<Qui voyage loin ménage sa monture>> dit-on. La réintégration de notre ‘'dame de fer’’ n'a pas pris effet de façon brusque. Elle était programmée de longue date et des investissements ont été faits pour en assurer la réussite. En dépit des souffrances morales que lui faisait endurer certains membres de son cercle familial, elle se félicite d'avoir soigné son retour au Bénin et d'y vivre dans de bonnes conditions depuis 2014.
Au terme des bons et loyaux services rendus au Gabon et convaincue de la nécessité de renouer avec sa terre natale, Madame HOUSSOU prit donc la décision de revenir dans son terroir pour s’y réintégrer. Actuellement, elle réside au Bénin et y vit ses vieux jours. Les revenus qu’elle a engrangés en travaillant en tant qu’enseignante des Sciences de la vie et de la terre (SVT) lui ont permis d’acquérir des parcelles au Bénin. Elle a érigé une maison sur l’une d’elles à Tokpota (quartier de la ville de Porto-Novo) et y vit paisiblement et décemment. Sa boutique de vente de divers et de boissons ne cesse de lui rapporter de quoi arrondir sa pension mensuelle. De plus, Madame HOUSSOU Pascaline épouse AKOWANOU dispose de constructions louées dans les zones de Louho à Porto-Novo et de Sèmé-City à Cotonou. Elle ne manque de rien et pourvoit à ses besoins en fonction de ses moyens, fruit de son travail acharné, de sa persévérance et du réalisme de ses ambitions. Agée de soixante et onze ans 71 ans et mère de deux (02) enfants, elle entend partager son vécu et son succès avec toute personne tentée par une aventure dans un pays étranger. La volonté de matérialiser des projets personnels peut se heurter aux ambitions démesurées et à un gaspillage des ressources économiques gagnées au prix d’intenses sacrifices dans un pays étranger. Tous les béninois ayant vécu à l’étranger ne réussissent pas toujours leur réintégration. Certains essuient des échecs et connaissent des désillusions faute d’avoir planifié convenablement leur retour. Il est donc nécessaire de s’inspirer de ceux et celles qui connaissent une réintégration digne du nom.
Madame HOUSSOU Pascaline est une femme dont l’éloquent parcours impressionne et sidère. Une source d’inspiration pour la jeune génération et pour tous ceux qui rêvent d’un ailleurs prospère et d’un retour gagnant.